04 avril, 2009

Quel avenir pour les filles des ospedali?

Les jeunes filles recueillies par les ospedali étaient tenues de rester dans la chapelle musicale jusqu'à environ quarante ans. Elles étaient soumises à des conditions strictes. Elles devaient s'engager à servir leur choeur pendant au moins dix ans, former au moins deux musiciennes plus jeunes après quoi elles pouvaient décider soit de rester toute leur vie à l'ospedale en devenant "maestre" ou prieure, soit de quitter l'institution pour entrer au couvent si elles en avaient la vocation, soit de se marier.
Il existait cependant une condition sine qua non pour quitter l 'ospedale: celle de ne JAMAIS se produire sur les scènes des théâtres publics. L'enseignement offert aux jeunes filles n'était en effet pas destiné à faire d'elles des "divas" mais des "servantes de la musique" au service de Dieu.
Les archives font état de quelques anciennes "filles du choeur" qui, malgré l'interdiction, sont parvenues à de brillantes carrières internationales. On peut penser à Faustina Bordoni, rivale de la Cuzzoni et une prima donna de Haendel, ancienne chanteuse de la Pietà, où elle était une "élève privée", c'est à dire une élève payante venant de l'extérieur de l'ospedale. Elle fut formée notamment par Gasparini. Puis elle épousa Johann Adolf Hasse et se produisit dans toute l'Europe.

Portrait de Faustina Bordoni par Rosalba Carriera

On retrouve également Maddalena Laura Lombardini-Sirmen, violoniste, chanteuse et seule compositrice connue issue des ospedali.
Deux musiciennes passèrent à l'histoire en tentant de s'échapper de leur ospedale en 1783. Elles s'étaient enfuies en gondole en compagnie d'un jeune homme qui leur avait fait miroiter une carrière prometteuse sur les planches. Elles furent bien vite retrouvées le lendemain. L'une d'entre elles, Adriana Ferrarese (Gabrieli) dite "La Ferrarese", fut renvoyée de l'institution. Elle réapparaît, après de multiples déboires, au King's Theater de Londres où elle chantera le Demetrio de Luigi Cherubini en janvier 1785. On la verra aussi à Vienne. Mozart composa pour elle un aria et un rondo. Enfin, elle s'illustra dans le rôle de Fiordiligi dans Cosi fan tutte le 26 janvier 1790.
La seconde fugueuse, Bianca Sacchetti, a pu réintégrer l'institution où elle passa le restant de ses jours. Chanteuse, harpiste et organiste, elle occupa le poste de prieure, c'est-à-dire responsable des filles du choeur jusqu'en 1805, moment où l'ospedale cessa ses activités.

2 commentaires:

  1. Bonjour !

    Je suis heureuse de voir que mon article de Clio est lu par les passionnés de Venise ! Peut-être pourriez-vous y faire un lien :)

    Bien à vous,

    Caroline Giron-Panel

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  2. Bonjour Caroline,
    je connais l'existence de cet article, mais je ne l'ai pas lu. J'ai plutôt lu celui qui est paru dans "Mélodies urbaines" et dont je cite les références dans mon post du 2 avril: http://mescarnetsvenitiens.blogspot.com/2009/04/au-fil-de-mes-lectures.html
    J'ai d'ailleurs trouvé vos recherches passionnantes. Vous intéressez-vous toujours à Venise?
    Cordialement,
    AnnaLivia

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